Polir
le miroir de son coeur
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Polir le miroir de son coeur
Témoignage de Nanna Michael sur les bénéfices d'un intensif
Lors de l’Intensif d’entraînement des Maîtres en 1982, j’ai fait l’expérience directe de l’Union avec l’Autre. C’est comme si je m’étais dissoute et alors j’ai expérimenté que la nature de l’Autre était la même que la mienne. Nous étions les mêmes. C’était comme disparaître dans un trou noir et en ressortir en étant l’autre. Je suis devenue consciente qu’il n’y a pas de séparation. Je suis le reflet de l’altérité. D’une certaine manière, tout a fondu dans le vide. C’était comme si le contact avec un Autre était une porte et, à travers cette porte, il y avait le vide, juste le vide. Et c’était aussi un Autre et c’était moi. Nous étions les mêmes. C’était comme tomber dans l’éternité.
Cela a été la première importante expérience directe que j’ai eue lors d’un intensif vers l’Eveil. Mais avant de témoigner sur ce que cela m’a apporté dans ma vie, je dois ajouter ce qui est arrivé lors d’un autre intensif, peu de temps après. Ce qui est arrivé quand j’ai fait l’expérience directe de mon père. Je croyais qu’il était la source de toutes les blessures de ma vie. Et voilà que dans cette expérience, je l’ai vu comme lumineux et parfait. J’ai vu comment, en me mettant en résistance à lui, j’avais manqué de le contacter vraiment. J’ai su alors que c’était notre mission d’entrer vraiment en contact les uns avec les autres et que moi, j’avais tout fait pour résister à ce contact avec lui. J’ai vu comment j’avais été blessée et comment j’avais causé des blessures à mon tour. J’ai vu toutes ces choses et en même temps j’ai compris que la blessure est aussi une illusion, dans un certain sens : dans le domaine absolu, il n’existe pas de blessure. Tout cela fait partie d’une illusion.
Ainsi au niveau de l’absolu, personne n’a été blessé. Tout ce que j’avais cru que mon père m’avait fait… C’était juste devenu…. rien ! Ce qui était, c’était sa perfection ! Et aussi l’absence totale de ce que l’on peut appeler « blessure ».
Avec cette ouverture, j’ai pu abandonner ma résistance et juste recevoir. LE recevoir. Tout ce que j’avais longuement construit et dans lequel je m’étais investie, tout ce que j’avais chéri comme mon sentiment d’avoir été lésée, mal aimée… tout cela – vrai du point de vue RELATIF – s’est complètement dissous. C’était difficile de voir que je m’étais moi-même trahie en faisant tout ce drame, pendant toutes ces années, en construisant mon caractère autour de la résistance à mon père. Cela m’apparaissait soudain comme une chose inventée de toutes pièces, comme un jeu de résistance et de drame… auquel nous jouions tous.
J’ai compris à travers ces deux expériences qu’il y a deux niveaux de réalité : le niveau absolu et le niveau relatif. Et qu’il n’est pas possible d’aller directement à l’absolu. Il faut passer par l’expérience du relatif.
Les bouddhistes disent que ces deux niveaux de réalité sont comme les deux ailes d’un oiseau, elles battent ensemble…
Nanna Michael